Procès Morin-Cousineau
C'est un «accident», dit l'accusé
By Jérôme Dussault
Le Journal de Montreal, March 30, 2006
Martin Morin-Cousineau soutient que sa conjointe s'est elle-même enfoncée un couteau dans le crâne
Ustensiles à la main, Martin Morin-Cousineau mange devant le téléviseur du salon lorsque, dans un excès de colère, il se tourne vers sa conjointe dans la cuisine, échappant sa fourchette juste à côté de lui. Kelly-Anne Drummond s'effondre au même moment, un couteau enfoncé dans le crâne, un «accident» qu'il est toujours incapable d'expliquer.
Voilà la version que l'accusé a offerte aux jurés hier.
Le type de 31 ans témoignait pour sa propre défense au procès qu'il subit pour le meurtre non prémédité de l'éducatrice en garderie, en octobre 2004, dans leur appartement de Pierrefonds.
D'un ton monocorde, sans aucune émotion, même en décrivant l'horreur de la scène, en voyant Kelly-Anne Drummond agoniser dans son sang, l'ancien agent de voyages a juré ne pas l'avoir poignardée.
«Nous n'avons jamais été dans la même pièce», a-t-il dit en guise d'explication, admettant toutefois le climat de tension qui régnait. Parce que leur propriétaire était venu lui réclamer les 30 $ manquants au paiement du loyer et qu'elle le talonnait sans cesse à ce sujet, dit-il.
«Je me souviens que l'adrénaline était à son point culminant.»
Au point où, tenant ses ustensiles, il s'est tourné brusquement en balançant les bras pour lui signifier qu'il en avait assez, selon son récit.
«J'ai entendu quelque chose tomber et une vitre qui éclate. J'étais toujours fâché et je lui ai demandé Qu'est-ce que tu fais ? Elle ne m'a pas répondu.»
Il voit sa fourchette sur le divan avant de la rejoindre dans la cuisine. Dans sa chute, toujours selon ses prétentions, elle a fracassé la vitre dans la porte de la cuisinière. Il aperçoit un manche de couteau à côté de la femme de 24 ans. La lame cassée de 9,4 cm est enfoncée dans son crâne mais il l'ignore à ce moment, affirme-t-il.
Martin Morin-Cousineau va débrancher Internet, il lave ses mains tachées de sang et appelle ensuite le 9-1-1. Il dit à la préposée que son amie de coeur est morte, espérant ainsi accélérer l'intervention des secours.
Au moment du drame, il faisait vie commune avec Kelly-Anne depuis seulement trois mois mais leur relation s'était gâtée rapidement, devenant «très intense». La rupture était envisagée, a-t-il admis.
L'argent était très souvent un sujet de discorde et il avait contracté une dette envers elle.
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